Le vêtement est un langage à part entière. Il a une fonction symbolique reconnu qui ne se confond pas avec les mouvements idéologiques.
Vêtements régionaux, uniforme, ouvrier ou bourgeois, le vêtement est un vrai manifeste qui évolue avec l’histoire et ses révolutions.
Les femmes, elles devront attendre le XXe siècle pour se libérer du « vêtement/carcan» dans lequel elles ont été enfermées, cachées, corsetées.
- En 1910, Coco Chanel supprime la taille, raccourcit les jupes
- En 1920, Coco Chanel lance la mode des cheveux courts, joue avec le style androgyne alliant confort et élégance (voir notre article Zimmerli 1871, le pyjama made in Suisse).
- En 1965, Courrège popularise avec succès la mode de la mini-jupe.
- En 1966, Yves St Laurent espère faire du pantalon « un élément de base du vestiaire féminin » tout en affirmant que l’égalité « c’est un état d’esprit ».
« En 1966, les femmes n’avaient pas le droit de se rendre à leur travail en pantalon et même à New York dans les restaurants chics, les femmes en pantalon étaient refusées. Pour les clientes qui s’habillaient en haute couture, il était impensable de sortir le soir autrement qu’en robe longue » explique Pierre Berger compagnon d’Yves St Laurent depuis 1958.
C’est en 1966, à l’occasion de la présentation de sa collection haute couture Automne – Hiver, qu’Yves Saint Laurent, alors âgé de 30 ans, lâche une bombe !!!!
Le « complet smoking » de la garde-robe masculine devient « LE SMOKING YVES ST LAURENT ». Cette bombe sera tout d’abord un flop total auprès de la clientèle Haute couture. Le smoking du défilé sera produit en 1 seul exemplaire pour une seule cliente !!!
Yves Saint Laurent, en septembre de la même année, lance alors sa 2ème bombe et frappe un grand coup en ouvrant la 1ère boutique de Prêt à Porter. Toutes les parisiennes s’arrachent son smoking à un prix abordable en comparaison des tarifs du monde de la Haute Couture.
« A bas le Ritz, vive la rue », « la rue court plus vite que les salons » Le smoking remporte alors un immense succès déclare Yves St Laurent.
Catherine Deneuve, Françoise Hardy sont de vraies ambassadrices de ce smoking noir Yves St Laurent et « A partir de là, tout va très vite, les clientes de la Haute Couture abandonnent leurs a priori, elles comprennent le pouvoir de séduction qu’elles peuvent développer avec ce vêtement, l’allure et la force qu’il dégage » explique Pierre Bergé.
Finalement, le smoking noir, comme la saharienne, s’est inscrit comme un indispensable de la garde-robe féminine. Epaule soutenue, blazer à col châle ou col tailleur, le pantalon et la veste donnent aux femmes une silhouette élancée ainsi qu’une certaine aisance masculine sans rien perdre de leur sensualité et féminité.
Le costume femme deviendra une pièce incontournable des défilés Yves St Laurent : « L’idée d’une femme en costume d’homme n’a cessé de grandir, de s’approfondir, de s’imposer comme la marque même d’une femme d’aujourd’hui. Je pense que, s’il fallait représenter la femmes des années 1970 un jour dans le temps, c’est une femme en pantalon qui s’imposerait » déclare le couturier qui en a créée plus de 200 versions.
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